- Tu m'avais promis de plus te droguer Pietro ! Sans moi qui plus est !
- Ah ouai ? Et toi tu m'avais promis de plus faire la pute sur le trottoir, qui sait qui a menti !
- On a besoin de thunes Pietro ! Papa & maman sont plus là ! Y a plus que nous !

Je soupirais, elle utilisait encore l'excuse de nos parents pour faire le trottoir, tandis que moi j'en avais rien à foutre d'eux enfaîte. Je ne les ai jamais vraiment connus, elle, non plus, mais elle veut se donner bonne conscience. Pourquoi elle ne fait pas serveuse ? Non, elle se dit trop belle & trop bonne pour. Ma sœur, cette entité tellement similaire à moi, sauf que moi je ne fais pas la pute, je ne fais rien. Je trouve cela inutile de garder un boulot 30 ans pour ce faire chier à la fin. A la fin, on a tous envie de se jeter d'un pont, notre vie sera inintéressante au point que plus personne, à part ceux qui sont obligés de nous aimer comme notre famille ou notre femme ou nos amis, vont nous oublier aussi vite que nous sommes venus au monde. Et ma sœur crie, encore et encore, tandis que moi, je reviens sur terre brutalement. Allumant un clope, assis sur notre vieux canapé miteux, elle s'affale à côté de moi et m'en demande une. Un grand silence se met en place, seulement brisé par notre respiration, nos bouffés de cigarette et l'horloge qui fait tic tac. C'est bientôt l'heure pour elle de retourner faire son boulot et moi, c'est bientôt l'heure de me balader dans les rues. Je la regarde, elle me regarde et on sourit comme quand on était enfant, on a beau s'engueuler comme des fous, elle a beau me taper dessus, elle et moi, c'est comme le jour et la nuit, on est tellement complémentaire qu'on ne peut pas se passer l'un de l'autre.


Quand on est petit, on croit tout ce que les adultes nous disent. Oui le père Noël existe, le lapin de Pâques aussi. Tout est beau et rose. Notre innocence est ainsi donc préservée. Mais pour Eléanore et moi, ça n'est pas la même histoire toute rose. On avait une famille, on est des faux-jumeaux. Jusqu'à l'âge de cinq ans, nos parents faisaient semblant de nous aimer. Car nous abandonner ne leur a pas demandées d'état d'âme ou autre. Ils nous ont laissés à une porte d'un orphelinat et ils ne sont jamais revenus. Eléanore, elle voulait les voir revenir, moi je voulais que Eléanore ne part nulle part sans moi. On était inséparables. On allait dans les mêmes familles d'accueil. Seulement je n'arrivais pas à me dire que c'était ma famille, alors je restais beaucoup en retrait tandis que ma sœur essayait de se faire aimer, puisque nos parents eux ne nous aimaient pas. Nous étions des enfants qui aimantait les problèmes. Depuis tout petit, nous sommes dans la même classe, quand nous sommes arrivés tous les deux au collège, nous ne voulions pas être séparer et hélas, c'est ce qui arriva. C'est ainsi que nous nous sommes écartés tous les deux. Je trainais avec des gens qui n'aimaient presque personne et qui avait des idéaux très paradoxal, tandis qu'Eléanore trainait avec des filles que je haïssais. Nous ne nous parlions presque plus, l'âge se faisait ressentir, nous voulions des chambres séparés, des vies séparés. Mais j'étais toujours cette orphelin aux idées noir, aux envies de liberté. Ma sœur voulait être aimer de tous. C'est peut-être ça qui fait ce qu'elle est aujourd'hui : Elle cherche l'amour des hommes avec lesquelles elle couche. Tout ça ne s'est terminé qu'à la fin de nos études, quand j'ai décidé d'aller vivre loin de cette famille qui n'était pas mienne. Ma soeur ne supporta pas et elle m'a aussi vite rejoint.


- Regarde toi dans un miroir, regarde ce que nous sommes devenus.

Et comme un idiot, je regardais. Nous étions tous deux des adultes. Nous ne nous ressemblions plus. J'étais devenu maigre, et elle était devenu une femme a part.

- Tu mets trop de maquillage

C'était la seule foutu conclusion que je pouvais tirer. Rien n'avait l'air de me choquer, j'étais devenu quelqu'un de froid, qui ne souriait presque jamais, qui ne disait presque rien. Ma seule présence mettait mal à l'aise les gens, par simple et pur raison que je ne leurs ressemblais pas. Comme je l'ai dit, je ne voulais pas être cadre dans une grande entreprise, me faire chier au boulot était la dernière idée que j'avais dans mon cerveau bien amoché. Je voulais arrêter mes conneries, mais dés que j'avais trente secondes de libre dans mon esprit torturer, je faisais tous et n'importe quoi. Un jour, je devenais serveur dans un restaurant, le lendemain on me trouvait entrain de chercher un boulot encore plus médiocre. Enfaite, j'étais un de ces branleurs que les gens ne pouvaient que haïr parce qu'il préfère profiter de sa minuscule liberté et ne rien faire pendant qu'eux font tous pour garder leurs vies bien rangés. Je les haïssais eux, ils me haïssaient moi. D'un autre côté, je me haïssais moi-même de l'être que j'étais devenu, de l'idiot qui prend un malin plaisir a laisser sa sœur faire des conneries tant qu'il a de l'argent dans les poches pour les siennes de conneries. Que pouvais-je donc faire ? La sortir de là ? Elle ne voulait pas, ce qu'elle voulait c'était devenu danseuse de cabaret. Je voulais devenir milliardaire. Sommes nous un peu débile mentaux pour croire réellement à nos rêves aussi grotesque que la fin du monde en 2012 ? Je ne l'espère pas, pour le moment, nous sommes deux entités cherchant un réelle but dans la vie. Comme je l'ai dit : Nous sommes le jour et la nuit. Elle, le jour car elle a un caractère très joyeux, tandis que moi, je suis la nuit : froid et glaciale, sans vie.