W. Machiavel Stanford 
AVATAR : Clémence Poésy
PSEUDO : Loü
CREDITS : Eclatic
MESSAGES : 2
ARRIVEE : 10/08/2010
 |  Sujet: Chaque nuit voit se mouvoir un nouveau cauchemard (e;c)  Mar 10 Aoû - 10:33 | |
| Il se tenait à bonne distance du miroir. L’objet circulaire trônait sur une chaise ; ses millions de reflets distordus dans l’atmosphère appelaient à la contemplation mais le jeune homme fermait les yeux, obstinément, comme s’il luttait pour ne point s’aventurer dans l’au delà. Je me tenais derrière lui, dans l’ombre de sa silhouette féline, et je retenais ma respiration pour ne point troubler le solennel de cet instant. Nous prenions pleinement conscience du psyché, sans le vouloir, comme si le démon qui habitait ce corps inerte insufflait son pouvoir et que cette osmose était inéluctable. Si je m’étais préparée à ressentir une recrudescence sensuelle, j’aurais certainement cru que nous avions échoué, mais je ne m’attendais à rien, et je fus en ce sens tout à fait prévenue lorsqu’il ne se passa rien. Pourtant, nous savions tout deux qu’il prenait possession de nos corps, enveloppes charnelles dont il saurait se nourrir lorsque l’heure serrait venue pour lui de renaître de ses cendres. Je vis le garçon fléchir mais je ne me précipitai pas pour le relever, convaincue que le démon m’avait choisie moi, et que la mort qui l’attendait lui était le plus doux paradis qu’il pouvait lui offrir. Il tomba inerte, et je poussai un cri suave, comprenant soudain que j’allais vivre l’enfer seule.
La réalité bascula dans une autre dimension. L’odeur âpre du sang s’infiltrait dans mes narines comme un fiel mortel, une essence nécessaire mais particulièrement nauséabonde qui me tirait de mon sommeil, m’attirant irrésistiblement vers ce que je ne voulais pas voir. A mes pieds gisait le garçon sans visage, noyé dans un bain de sang liquéfié, les entrailles gisant sur le sol. Je retins un spasme du cœur, tandis que je découvrais le cadavre, exposant sa poitrine arquée vers le ciel. Instinctivement, je sortis de la pièce, à reculons, et je me recroquevillais sur moi même. Qui avait bien pu commettre un tel acte? Le tableau était cuisant de beauté, d’une barbarie digne des opéras de Wagner.
Dernière édition par W. Machiavel Stanford le Mar 10 Aoû - 12:08, édité 3 fois |
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