YOUR SHEETS PLEASE

THIS IS YOUR LIFE

(c) bazzart.


Nul ne peut atteindre l'aube sans passer par le chemin de la nuit.
KHALOL GIBRAN.

C'est le soir de Noël, au coeur de Manhattan. . La neige tombe sans relâche depuis le matin. Engourdie par le froid, la " ville qui ne dort jamais " semble tourner au ralenti, malgré toutes ses illuminations. Pour un soir de réveillon, la circulation est étonnament fluide, la couche poudreuse et les machines rendent moins difficiles le moindre déplacement. A l'angle de Madison Avenue et de la 36e Rue, les limousines se succèdent pourtant à un rythme soutenu. Elles déversent leurs occupantssur le pavis d'une belle demeure de style Renaissance; siège de la Morgan Library. Sur l'escalier , c'est un tourbillon de smokings , de robes somptueuses, de fourrure et de bijoux. Au dernier étage , un long corridor mène à une vaste pièce où, derrière les vitrines sont exposés d'inombrables toiles de maître. Progressivement, le silence se fait, les retardataires regagnent la salle. Une musicienne entre en scène sous les applaudissement. C'est une jeune femme d'une trentaine d'années, à l'allure chic et sage. Son chignon à la Grace Kelly lui donne des airs d' héroïne hitchocockienne. Des dames m'assoiseyent près d'une siège en fourrure. Elles écoutent les mélodies que joue Grace Kelly sur son piano, un dame aurait parier des sonates de Brahms. Un homme s'approche et demande par curiosité elles connaissent la partition de cette musicienne, elles répondent Brahms. L'homme souris, ses cheveux blancs lui donnent l'air sage, il tient un verre de Whisky à la main . Il s'assoient à leurs cotés et leurs posent plusieurs questions. Sur leurs goûts musicaux et sur les arts, il semble emballer par leurs réponses. Il a l'air très cultivé. Il a l'air plein aux as, son smoking appartient à une grande marque et son élégance lui font passer dans une classe plus qu'aisée. Dehors, la neige continue à tomber dans la nuit froide. Mais ici , tout n'est que confort, luxe et raffinement.

Dernier coup de piano. Le temps de deux mesures, un silence recueilli plane au dessus de l'assistance. Ce fameux silence qui suit Brahms, censé être du Brahms est bientôt chassés par des applaudissement nourris. La pianiste incline la tête, accepte un bouquet de fleurs puis traverse la pièce pour recevoir des congratulations dans fin. Je souris à pleines dents, pour montrer au cher homme assis à mes cotés mon enthousiasme. Au cours de la soirée, j'ai appris que c'était un riche homme d'affaires, qu'il possédait la moitié de New-York et qu'il était spécialisé dans le poker et les arts. Cet homme me rappelle mon père, mais en beaucoup plus riche et plus classe. Celui-là est différent.

C'est la fin de l'hiver, le début du printemps. Une aube rose pâle se lève sur Manhattan, laissant entrevoir la promesse d'un jour ensoleillé. Le levé ne fut pas facile, l'envie n'y était pas. Ni le courage, ni la volonté. Sa joie de vivre habituelle s'était enteinte, un peu trop tôt. Alors que tant de spontanéité aurait pu être une arme déconcertante. Mais malheuresement; New-York n'est pas si suprenante. Ce fut vraiment trop dûre de rester sobre dans le bronx ? Apparement oui. Mais seulement pour Victoire. Française échappée d'une mère trop envahissante et d'une maladie mal vue en France, mais si elle mal vu aux Etas-Unis. Mais les gens sont bien plus ouverts ici. Avalant un cachet de sérotonine, elle se leva doulouresement. Sa migraine était devenu de plus en plus forte depuis son arrivée dans son appart' miteux. Elle n'avais jamais vu autant de rat dans toute sa vie.




(c) bazzart.

« Si deux personnes s'aiment, il ne peut y avoir de fin heureuse.»
ERNEST HEMINGWAY.

J'étais devenue un zombie. Une fille à la peau blanche, aux cheveux ternes. Une fille au regard bleu dynamitait de tristesse et de peur ; un regard cerné d'un mascara qui coule et de cerne. Une fille blême et sans vie. Un corps sans esprit. Un esprit sans conscience, sans aucune limite. Des barrières que j'aurais du délimiter dès le début. Des limites qu'il n'aurait fallu dépasser.

Moi de mai, elle regarde par la fenêtre et s'accroupis sur le rebord. Il pleut, encore et encore; la pluie bat le fer de la fenêtre. Le bruit est assourdissant, la fatigue arrassante. Lourde, pesante. Rien n'avance. « Je t'aime » Elle souria et déposa sa joue sur l'épaule de sa mère. Ne pas pouvoir sortir , ne pas pouvoir regarder dehors ni téléphonner. Quand la violence est un moyen de parler, oui, on ne peut pas sortir. Quand chaque mot sorti de votre bouche n'est qu'agréssivité, oui, vous n'avez plus le droit de téléphoner. Le " je t'aime " devient plus fort, il a plus de sens. Lorsqu'on l'entend, ces deux mots ne sont plus anodins. On les écoutes. Et on veux les garder.

Vous vous souvenez quand vous étiez petits et que votre plus grande préoccupation, c'était de savoir si vous auriez un vélo pour Noël, ou des croissants au quatres-heures ? Être adulte, c'est pas si bien que ça. C'est vrai, ne vous laissez pas avoir par les belles chaussures, le sexe ou le fait de ne plus avoir vos parents sur le dos .L'âge adulte, c'est d'avoir des responsabilités. Les responsabilités : ça craint. Ça craint vraiment. Les adultes doivent être à des endroits, faire des choses, gagner leur vie, payer le loyer... Mais pour Victoire, l'âge d'adulte était venu bien plus tard. Ce jour-là, elle était partie, partie de chez elle. Malgré l'interdiction du médécin. Victoire devait sortir, sinon elle allait devenir folle. Même si elle l'étais déja. Elle n'avait pas peur de la nuit ou même des ruelles sombres. Elle s'engagea dans l'une d'elle. Ses talons claquèrent en rythme sur le bitume encore légèrement fondu par la chaleur écrasante qui avait figer New-York dans la journée. Elle en avait marre de marcher. Alors, après avoir retirer ses talons elle se mit à courir. Elle ne prit même pas la peine de jeter un coup d'œil derrière elle. Elle coupa à travers un chemin peu fréquenté. La grande avenue allait être bondée à cette heure là. Les gens sortaient au restaurant, ou allait au cinéma. Mais Victoire elle , n'étais pas aller au cinéma depuis longtemps. Depuis très longtemps. Le temps était révolu. Une vie normale devait commencer.

Victoire dormait sur le ventre, tête enfouie dans son polochon que ses bras entouraient et, compte tenu de la chaleur, hors de sa couverture. Celle-ci s’était d’ailleurs affalée au pied du lit dans le courant de la nuit, bousculant les bouteilles et les résidus de cigarette qui jonchaient le sol. La jeune fille portait un tee-shirt long qui recouvrait son bassin avec élégance ainsi qu’une culotte de soie fine, fraîchement trouvée dans une boutique à Paris. En une semaine de vacances elle avait déjà dépensé des centaines d’euros dans des restaurants, des entrées en boîtes, des glaces sur la plage et pour se payer une montagne de vêtements. Sa mère lui avais offert ce voyage après sa guérison. Pour qu'elle prenne l'air, qu'elle vois autre chose que Manhattan et les buildings. Sa mère lui avait tendu un billet pour les baux de Provence. Elle n'avait d'abord pas compris pourquoi sa mère l'avait envoyée en France. Mais ça n'avait pas d'importance.

La France n'est pas ce qu'on pense. Victoire croyait que la France était le paradis des modeuses, qu'à Paris, tout était romantique et plus beau. Non; abattez tous cela. Renvoyez-vos prégujés.

« Regarde ça Salomé ! » Salomé et Victoire se baissent. Elles regardent en dessous du pont. Le bateau-mouche passe. Elles crient toutes les deux. Elles tiennent absolument à faire des photos sur le " bateau-mouche ". Elles veulent aussi aller dans la boutique parisienne de Bailey Winter. Elles descendent les marches en courant, elles veulent être bien placés sur le bateau. « Oh mon dieu Victoire. Je n'arrive pas à y croire. On est à Paris, sur le bateau MOUCHE ! »
Elles sourient et rient; comme deux amies. Salomé se baisse pour regarder l'eau, elle s'assis sur la bordure , pour regarder de plus près les monuments de Paris. Victoire s'assis à ses cotés. Elle est tellement émerveiller par la beauté de Paris, par tous ce qui touche Paris. Salomé se baisse encore un peu. Et elle se baisse encore un peu. Et elle tomba dans l'eau.

Victoire est inconsable, les macarons n'arrivent pas à la consoler. Revenue à New-York, elle passe ses journées enfermées.Comme avant, sauf que cette fois-ci; c'est elle qui ne veut pas sortir. Sa mère s'en veut , terriblement. Le medecin avait pourtant dit qu'il étais trop tôt pour sortir du continent.

Victoire continue à entendre des voix. Elles sont de plus en plus présentes et plus fortes. « Victoire. Je t'avais dit de ne pas aller sur ce bateau. c'est de ta faute. Encore de ta faute; t'es nulle Vic'. Tu fais n'importe quoi tu sais ? »
« Oui je sais. Mais elle voulais aller aussi sur le bateau. » « Non Victoire, non. Tu dis n'importe quoi. Vraiment n'importe quoi. Tu es bonne à enfermer Victoire; bonne à rien oui. »

« Colin. Oh mon dieu. Colin, Colin, Colin. Tu peux m'aider. Viens me chercher, aide-moi, viens ici. Viens m'aider, je veux m'en sortir, mais c'est dur. C'est dur de vivre, d'esperer tous les jours. Je veux vivre, je veux sortir, mais j'ai peur Colin, j'ai peur. Aide-moi. Je t'aime; viens m'aider.» « Ce n'est pas possible Victoire. Ma femme va partir si on se voit encore. Reflechie, j'ai plus de soixante ans. Nous ne sommes pas fait pour aller ensemble, tu dois renoncer. Je suis désolé. Je t'ai tellement aimé. » « Je t'en prie, j'ai besoin de toi. Je me perds un peu plus chaque jour. J'ai besoin... de toi. Ne me laisses pas.»



(c) bazzart.

EPILOGUE.

Victoire guérissa, sa vie reprit un cours normale. Colin ne revint pas, ni même Salomé. Après trois ans cloîtrer dans son appartement à Manhattan, elle est brisée et ne se remettra jamais des traumatismes de son adolescence. Elle va mieux depuis, elle s'en refait des amies, elle sort beaucoup maintenant, et elle profite de la vie comme jamais. Elle vit à Los-Angeles et poursuit ses études de droit.

Je suis chômeur à plein temps, mes journées sont beaucoup trop courtes