« Tu part encore ce soir, Lou? » « Le devoir m'appelle, Mollynette. Tu sais que je fais ça pour nous.. Si je pouvais, je ferais autrement. » « Tu peux faire autrement! Laisse moi prendre ta place! J'arriverais à attirer les clients autant que toi! » « Molly-Ann, arrête tes conneries, sérieusement! Ca commence à bien faire, on en a déjà parlé! » « Mais Lou.. » Cependant, Lou-Alix n'écoutait plus les paroles de sa petite soeur. Si elle s'était foutu dans cette merde, si elle faisait partie des 'putes de Los Angeles' c'était pour elle. Elle connaissait les risques que cela impliquait - des MST jusqu'au agressions en passant par les vieux maccros qui ne savent même plus baiser sans leurs pilules bleues ; cela était les pires - et elle ne voulait pas que sa cadette, sa petite protégée, sa seule famille tombe là dedans. Chaque soir, quand elle rentrait dans le taudis qui leur sert d'appartement, elle mettait une partie de ses 'gains' dans une boîte loyer, une autre dans une boîte courses et pour finir encore une partie dans une boîte 'étude molly-ann' dont cette dernière ignorait l'existence. Lou-Alix tenait vraiment beaucoup à M-A, et c'est pour cette raison que, ce soir encore, elle accepta de rejoindre Nolan au lieu de rendez-vous habituel. Elle ne savait rien de lui, comme avec la plupart de ses clients, mise à part le fait qu'il était différent. Des fois, il ne venait la chercher, ne la payer que pour pouvoir la contempler. Avec lui, bizzarement, elle se sentait comme une poupée de porcelaine, une de celles que l'on observe sans toucher. Oui, voilà, c'était ce qu'elle resentait lorsqu'elle était dans la même pièce que lui et qu'ensemble il ne s'adonnait pas à ce qui servait de boulot à miss Doyle. Elle avait elle-même l'impression d'être différente ces autres catins, ces libertines. Mais tout ça n'était peut-être qu'une illusion, après tout?! Quoi qu'il en soit, elle se devait d'aller 'au travail' ce soir et donc la jolie demoiselle partit en direction de la salle de bain pour prendre une douche et se changer. Lou-Alexie ressortit de la pièce environ vingt minutes - voire même une demi-heure - plus tard habillée d'une simple robe noir mettant en valeur sa poitrine et ses jambes, donnant l'impression qu'elles étaient infinissables malgré le mètre soixante huit de la demoiselle. Elle prit donc ses clefs qu'elle glissa dans l'une de ses chaussures, n'ayant ni poche ni sac, et sortit de l'appartement. Au bout d'à peine quelques minutes plus tard, elle était déjà sur le lieu de rendez-vous à attendre l'arrivée de Nolan. Adossée contre un mur, cherchant desespérément une clope, elle vit Atria s'approcher d'elle et lui en tendre une. Lou-Alix le remercia avec un petit sourire, et son 'collègue' repartit à ses occupations. Et là, il arriva. « Allez chérie, montes dans la voiture ! » Chérie.. Ce qu'elle pouvait haïr ce surnom. Pour Lou-Alix, avant, il représentait l'amour qu'il pouvait y avoir dans un couple, dans celui de ses parents avant le suicide de son père par exemple, mais maintenant il résonnait comme si c'était une insulte. Un cri du corps et non du coeur. Cependant, n'ayant pas vraiment d'autre choix qui s'imposaient à elle, la brunette s'exécuta en silence. « Le même tarif ou tu as augmenté tes prix ? » « Toujours pareil. » Lou-Alix n'avait jamais été très bavarde, et encore moins quand elle était avec des clients, même ceux qu'elle considérait comme un peu plus que ça. Bon, évidemment, têtue comme une mûle, elle refusait d'admettre ce qu'elle 'ressentait'. Nolan sorti l'argent qu'il avait - apparemment - préparé et le donna à Irish. La demoiselle le mit dans sa chaussure et l'homme démarra. « Ce sera pas à l’hôtel ce soir. J’connais un endroit sympa où personne ne traîne trop le soir. C’est cool, tu verras. Oh et puis, si tu compte te sauver de la bagnole, tu devrais faire gaffe. » « Génial. » La jeune texane aux origines européennes avait l'habitude d'utiliser les sarcarsmes. « Vu à la vitesse à laquelle je roule, tu risquerais d’abîmer ta petite bouille et ça, je ne veux pas. » Il ne voulait pas?! Il fallait bien avouer que là, la jeune femme ne comprenait plus tellement ce qu'il disait. Quoi qu'il en soit, au bout de quelques minutes de silence passée à regarder le paysage défilé sous ses yeux, Lou-Alix se tourna vers Nolan et lui demanda : « On va où? »

« On va où? » « Dans un bar » « Je vois.. Cool.. » Il lui avait répondu après avoir soupiré, comme s'il voulait garder leur destination secrète ou alors de la même manière qu'un autre l'aurait fait si Lou-Alix posait trop de questions. L'idée de passer pour la petite chiante de service fit réfléchir la brunette, raison pour laquelle elle se tût. Après tout, la plupart de ces hommes qui venaient la voir ne la considéraient que comme un objet sexuel, quelque chose avec lequel on s'amuse. Elle n'avait pas tous les atouts d'une poupée gonflables - elle n'avait pas beaucoup de poitrine, un caractère de chien et demandait à se faire payer en échange de ses 'bons et loyaux' services - mais elle, au moins, elle savait se servir de ses mains. C'était déjà plus avantageux non?! Et puis, elle n'était pas fait en plastique et savait embrassé. Et d'après Liam, elle embrassait plutôt bien. Liam.. Voilà un bout de temps qu'elle n'avait plus pensé à lui. Disons qu'elle évitait au maximum de s'imaginer son visage. C'était pour ça qu'elle avait quitté Odessa. Quand on perd quelqu'un, c'est toujours très dur de s'en remettre et c'est encore pire lorsqu'il s'agit du seul homme pour qui vous aviez éprouvez des sentiments à l'époque. Certes, elle ne dira pas qu'elle a des sentiments pour Nolan car une prostituée, d'après tout ce que l'on avait pu lui raconter, n'était pas vraiment en droit d'avoir une relation sérieuse avec un homme tant qu'elle est dans le métier. Et Dieu sait à quel point ce peut-être difficile de s'en sortir, par moment. Dans tous les cas, elle, on ne lui a pas laissé le choix. C'était soit ça, soit elle vivait sous un pont. C'est fou comme les gens peuvent se perdre dans leurs pensées quand ils sont en voiture..

Quelques minutes plus tard, ils arrivèrent enfin à destination. Etrangement, Lou-Alix avait trouvé le trajet à la fois très long mais aussi trop court. La damoiselle était encore à moitié absente, plongée dans ses pensées, lorsque Nolan vint lui ouvrir la portière de la voiture et l'aida à sortir. Aucun autre n'aurait fait ça.. 'Ressaisis-toi, Lou. C'est un client comme les autres'. La jeune femme avait l'impression de connaître l'endroit, d'y être déjà allé et pourtant il semblait également très lointain, comme ses sentiments. Sans vraiment s'en rendre compte, elle pénétra dans le bar accompagné de son client de la soirée. Un endroit assez miteux mais calme en apparences. Rempli à craquer, aussi, d'ailleurs. « On va là-bas. » « Le client est roi.. » Elle avait dit ça dans un murmure et sur un air ironique, et pensait - ou plutôt espérait - que son 'compagnon' n'avait pas entendu. Elle ne se faisait cependant pas vraiment d'illusions là dessus. Oui, elle a toujours été paradoxale. Elle pense quelque chose et dit ensuite le contraire. Elle vit le jeune homme avancer et le suivit à la trace. Une fois arrivés à la table, ils s'assirent. Avant même que l'un d'eux ne puisse ouvrir la bouche pour dire quelque chose, un serveur en tenue assez miteuse, non avantageuse aussi, arriva et leur demanda ce qu'ils souhaitaient commander. « Ce sera un verre d’eau pour moi. » « Rien pour moi, merci. Juste une petite cigarette, si c'est possible. » Surprise par la réponse de son interlocuteur, elle ne put articuler le nom d'une boisson et préféra ne rien commander. Puis, le serveur parti, les laissant à deux, un gros blanc dans la conversation. Lou-Alix se racla la gorge et dit : « Un verre d'eau.. Très original.. » Il fallait bien qu'elle avoue que, pour combler les conversations, ce n'était pas vraiment une experte. D'un côté, son métier, c'était plutôt 'Soit belle et tais-toi', on ne lui demandait pas de parler. Et avec Molly-Ann qui, elle non plus, n'était pas bavarde, on peut dire que la jeune femme ne l'ouvrait pas souvent. Du coup, elle a prit l'habitude d'écouter les gens parler en hochant la tête et de ne rien dire. Muette comme une carpe. Très peu de personnes disent avoir déjà entendu suffisament longtemps sa voix pour pouvoir juger de la splendeur de celle-ci. Quoi qu'il en soit, le serveur revint peu de temps après avec le verre rempli d'eau et un paquet de clope à la main. Il tendit ce dernier à Lou qui saisit une des sèches et la porta à sa bouche. Cependant, elle arrêta son geste et se tourna vers Nolan pour lui demander : « Mmh.. ça te dérange si je fume?! Si c'est le cas, je peux me retenir tu sais. Je suis pas une accroc au tabac.. » Voilà ce que ça faisait lorsqu'elle mentait : elle baffouait, parlait vite mais surtout trop. Elle disait aussi des conneries.. La preuve : il n'y avait pas plus grande fumeuse qu'elle. Mais ça, le truc des bêtises lancées à tout bout de champs, c'était surtout le cas lorsqu'un homme lui plaisait..